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Teresa Margolles
24 mai - 17 août 2014
Vernissage : vendredi 23 mai 2014, 18-21h00

Teresa Margolles / 24 mai - 17 août 2014 / Vernissage : vendredi 23 mai 2014, 18-21h00
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Zürich (ots)

À travers ses installations majoritairement sculpturales, l'artiste mexicaine Teresa Margolles (*1963, Culiacán) aborde des thèmes tels que la mort, la violence et l'exclusion sociale. Depuis le début des années 1990, elle s'est engagée comme bénévole dans un centre d'autopsie de Mexico City, recueillant quotidiennement de nombreuses victimes, pour la plupart anonymes, d'assassinat. C'est dans ce contexte social qu'elle crée ses oeuvres minimalistes et pleines de retenue. Depuis 2005, l'artiste étudie principalement les excès de violence dans la ville frontalière de Ciudad Juárez, au Nord du Mexique, ainsi que la guerre de la drogue qui y sévit. Pour sa première exposition individuelle en Suisse, Margolles se consacre à Ciudad Juárez, ville à forte criminalité. Au centre de son travail, on trouve une mystérieuse série de meurtres de femmes qui dure depuis le début des années 1990. Margolles s'intéresse particulièrement aux traces que ces violences laissent sur les bâtiments et sur la façon dont ces traces marquent le quotidien des personnes qui y vivent. En transposant de telles traces dans une salle d'exposition, l'artiste crée une interaction toute en tensions entre une présentation sobre et un réalisme impitoyable.

Membre fondateur du groupe d'artistes Semefo (Servicio Médico Forense) dont le nom s'inspire du service médico-légal de la ville de Mexico, Teresa Margolles se consacra, dès ses premières oeuvres au début des années 1990, à des matériaux explicites et aux thèmes dérangeants qu'elle traite aujourd'hui encore. Si ses oeuvres provoquent des réactions très contrastées, l'artiste ne cherche pourtant pas à choquer. Elle cherche bien davantage à dénoncer les injustices sociales de son pays qui perdurent même après la mort : les cadavres anonymes, qui atterrissent quotidiennement dans les morgues de Mexico City, disparaissent souvent dans des fosses communes, de même que pour les morts dont les familles n'ont pas les moyens de payer un enterrement. Les traces de ces cadavres - bien que présentes a minima - représentent dans l'oeuvre de Margolles un système de valeur d'une société en état d'urgence. Dans une interview avec le commissaire de l'exposition, Raphael Gygax, Margolles explique : « C'est une forme de minimalisme pervers. Le minimalisme historique n'a pas d'émotions. Cependant, tous mes travaux sont fortement chargés d'émotions. En présence de formes minimalistes, les hommes se concentrent davantage sur leurs émotions. »

Dans le cadre de sa première exposition individuelle dans une institution suisse, Margolles présentera une nouvelle oeuvre. Au centre de l'installation, on trouve la ville de Ciudad Juárez, ville de crimes, notamment depuis qu'a commencé, au début des années 1990, une mystérieuse série de meurtres de femmes. Margolles porte son attention sur les traces que ces violences laissent derrière elles sur les bâtiments. La ville de Ciudad Juárez, de plusieurs millions d'habitants, est située à la frontière avec les États-Unis et compte parmi les villes du Mexique qui ne cessent de s'accroître. Dans les statistiques de criminalité, elle est en tête. Ces derniers temps, il semble cependant qu'un changement s'opère en raison d'une action plus importante du gouvernement. Dès 2012, le nombre des victimes de crimes a connu une baisse, les délits liés à la drogue ont notamment reculé. En revanche, les meurtres de femmes incessants depuis les années 1990 ne baissent nullement. Selon Amnesty International, 370 femmes ont été assassinées entre 1993 et 2005. Des organisations locales pour les droits des femmes chiffrent à 700 le nombre de victimes entre 1993 et 2013. Les premières années, les victimes étaient essentiellement des ouvrières des usines de montage d'entreprises américaines. Ces dernières années, on trouve toujours plus de jeunes femmes étudiantes ou encore à l'école. De nombreux cadavres qui ont été retrouvés portent les traces de mutilations sadiques. Bien qu'il y ait à chaque fois des arrestations, rien ne semble arrêter cette série de meurtres et les motifs restent aujourd'hui encore obscurs. De tels meurtres sur des personnes en fonction de leur sexe, appelés féminicides, sont également commis dans d'autres états du Mexique ainsi que dans divers pays d'Amérique centrale : Guatemala, Nicaragua et Honduras.

Outre sa dernière oeuvre sur les meurtres de femmes à Ciudad Juárez, la sculpture Mesa y dos bancos est également présentée dans l'exposition. Il s'agit d'une table et de deux bancs en béton. Pour lier le béton, l'artiste a utilisé un décilitre de l'eau utilisée dans les morgues mexicaines pour laver les victimes d'assassinat. L'eau a été désinfectée et ne présente aucun risque sanitaire. La présentation de cette sculpture dans une ville occidentale est une approche subtile du marché globalisé de la drogue des cartels d'Amérique centrale et des crimes impitoyables qui y sont liés.

Les travaux de Margolles ont été présentés internationalement, notamment à la Kunsthalle Fridericianum de Cassel (exposition individuelle, 2010/2011), à la Biennale de Venise (2009), à la Manifesta (2008), au Museum für Moderne Kunst de Francfort (exposition individuelle, 2004) et à la Kunsthalle de Vienne (exposition individuelle, 2003) ainsi qu'à la Biennale de Lyon (2000). En 2010, le Migros Museum für Gegenwartskunst a exposé 37 cuerpos / 37 Bodies (2007) de Margolles dans le cadre de l'exposition collective Une Idée, une Forme, un Être - Poésie / Politique du culturel.

Conférence de presse :

23 mai 2014, 10h00

Contact:

René Müller, chef du service de presse et des relations publiques :
rene.mueller@mgb.ch
T +41 44 277 27 27

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