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La collaboration forge la pensée humaine

Bern (ots)

Les chimpanzés sont réputés plus intelligents que les ouistitis. Comme les humains, ces derniers démontrent cependant une plus grande disposition à soutenir spontanément leurs congénères. Cette esprit d'entraide proviendrait de la prise en charge commune de la progéniture et permettrait d'expliquer les performances exceptionnelles du cerveau humain, comme le suggère une étude soutenue par le Fonds national suisse basée sur des tests comparatifs effectués sur des singes et des enfants de l'école enfantine.

Depuis quelques décennies, de nombreuses caractéristiques présentées à l'origine comme des qualités spécifiquement humaines se dévoilent sous un nouveau jour. L'interprétation de type exclusiviste a fait place à la prise de conscience selon laquelle nos capacités de planification et de mémorisation ne nous différencieraient guère des autres grands singes anthropoïdes. Au contraire: ces facultés cognitives - tout comme la manipulation d'outils - nous uniraient à ces primates, nos plus proches parents du point de vue biologique. Une différence de taille subsiste cependant, à laquelle il est fait régulièrement allusion lorsqu'il s'agit d'expliquer la singularité des performances cognitives et culturelles de l'être humain.

L'entraide spontanée

Cette différence réside dans le comportement. Il est très rare que les chimpanzés viennent en aide à leurs congénères de façon spontanée ou partagent leur nourriture de leur plein gré. Les enfants - ainsi que les ouistitis - affichent bien plus souvent ce type de comportement « prosocial », comme le rapportent les chercheuses et chercheurs de l'Institut et Musée d'Anthropologie de l'Université de Zurich dans la revue spécialisée « Nature Communications » (*).

Au moyen d'un test standardisé, Judith Burkart et ses collègues ont comparé le degré de coopération de 15 genres de primates (parmi lesquelles l'être humain). Pour ce faire, de la nourriture était déposée sur un plateau placé à l'extérieur d'une cage où se trouvaient les singes.

Nourriture hors de portée

A l'une des extrémités du plateau, un levier permettait de rapprocher le plateau de la cage. La nourriture était déposée à l'autre extrémité. Un membre du groupe pouvait ainsi se saisir de la nourriture tandis qu'un autre actionnait le levier (aussitôt lâché, un ressort replaçait le plateau dans sa position initiale). Le plateau était trop grand pour permettre à l'individu qui manipulait le levier d'atteindre la nourriture et tirer directement profit de son action personnelle. Il lui était cependant possible de rendre service aux autres membres du groupe en plaçant la nourriture à leur portée.

Tandis que les groupes de chimpanzés ou de macaques à queue de lion ne parvenaient pratiquement jamais à se saisir de la nourriture du plateau, l'opération réussissait presque toujours aux ouistitis ainsi qu'aux enfants de l'école enfantine (lesquels jouaient avec un plateau dans une infrastructure transparente plutôt que dans une cage). L'entraide n'étant pas liée à la taille du cerveau, elle ne dépend pas non plus du degré d'intelligence. « Les ouistitis sont dotés de cerveaux de petite taille et ne sont pas doués d'une intelligence très élevée », explique Judith Burkart. Dans les tests de mémoire ou de reconnaissance de liens de cause à effet, ils affichent ainsi de moins bons résultats que les chimpanzés, bien qu'ils leur soient parfois supérieurs en matière d'apprentissage social: chez les ouistitis, il semblerait en effet que les mères présentent à leur progéniture certains types de comportements avantageux.

Potentiel du cerveau humain déployé

Le facteur déterminant pour le degré d'entraide réside dans la part de prise en charge offerte à l'enfant par des membres du groupe autres que la mère biologique. De même qu'ils participent à l'élevage commun des jeunes, les ouistitis démontrent une certaine disposition à partager aussi bien de la nourriture que des informations, comme l'explique Judith Burkart. Chez l'être humain, selon le proverbe, il faut tout un village pour élever un enfant. En cela, les performances de l'organe de la pensée humaine surpassent les capacités cognitives individualistes du cerveau d'un chimpanzé. « Ce n'est que par la collaboration que le potentiel du cerveau humain s'est réellement déployé », affirme ainsi Judith Burkart.

(*) J. M. Burkart, O. Allon, F. Amici, C. Fichtel, C. Finkenwirth, A. Heschl, J. Huber, K. Isler, Z. K. Kosonen, E. Martins, E. Meulman, R. Richiger, K. Rueth, B. Spillmann, S. Wiesendanger & C. P. van Schaik (2014). The evolutionary origin of human hyper-cooperation. Nature Communications 5: 4747.

(Pour les représentants des médias, l'article peut être demandé au format PDF auprès du FNS à l'adresse suivante: com@snf.ch)

L' image ainsi que des vidéos du test sont disponibles sur le site Internet du Fonds national suisse: www.snf.ch/fr/pointrecherche/newsroom/Pages/news-140830-communique-de-presse-singes-collaboration-forge-pensee-humaine.aspx

Contact:

Dr Judith Burkart
Institut et Musée d'Anthropologie
Université de Zurich
Winterthurerstrasse 190
CH-8057 Zurich
Tél.: +41 44 635 54 02
Courriel: judith.burkart@aim.uzh.ch

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