Communiqué de presse
Le précieux regard de l'extérieur sur la Suisse:
swissinfo-Interview avec le politologue bernois, Prof. Wolf Linder
2007-04-06T09:06:45
Berne (ots) - Les Suisses établis à l'étranger participeront
activement aux élections fédérales de l'automne prochain. Pour la
première fois, la participation passera la barre des 100'000
électeurs expatriés. Dans une interview à swissinfo, le politologue
bernois Wolf Linder explique les raisons, mais aussi les limites de
cette augmentation rapide. swissinfo: En 1992, environ 15'000 Suisses de l'étranger étaient
inscrits sur les listes électorales. Plus de 100'000 prendront par
aux élections fédérales de cet automne. Comment expliquez-vous cet
intérêt croissant des expatriés pour la politique nationale ? Wolf Linder: Il y a plusieurs raisons. D'abord, pour les Suisses
de l'étranger, le droit de vote semble correspondre à un besoin
évident. Manifestement, quelques-uns d'entre eux n'ont découvert
que tout récemment qu'ils pouvaient exercer leurs droits de
citoyen à l'étranger aussi. En plus, les organisations de Suisses
de l'étranger ont fait en sorte d'informer et de mobiliser ces
électeurs. swissinfo: Dans certains cantons, les Suisses de l'étranger
peuvent aussi participer aux élections cantonales. Est-ce une
évolution positive ? W. L.: Les Suisses de l'étranger ont le droit de voter et
d'élire dans une dizaine de cantons. Il s'agit manifestement d'une
tendance. Mais à mon avis, la possibilité de se prononcer sur des
objets fédéraux est bien plus importante pour la communauté des
expatriés. En effet, celui qui vit à New York ou à Sydney exprime
davantage d'intérêt pour la politique suisse prise dans son
ensemble que pour la construction d'une école secondaire à Amriswil
ou à Nyon. swissinfo: On prête de plus en plus aux Suisses de l'étranger le
pouvoir de faire «pencher la balance» lors de certains votes... W. L.: On ne peut pas le prouver. Les 110'000 voix des Suisses
de l'étranger représentent assurément un poids considérable. Cela
correspond à un canton de taille moyenne. Mais ce nombre
impressionnant de 110'000 citoyens enregistrés perd singulièrement
en importance une fois que ces voix ont été réparties entre les
différents cantons. C'est là que réside le problème. Le système
actuel atténue le potentiel politique des Suisses de l'étranger.
Pour changer cette situation, il faudrait comptabiliser ces voix en
un seul bloc. C'est pour cette raison que des efforts ont été
entrepris pour rendre cette participation plus visible et plus
efficace. C'est ainsi qu'il a été demandé d'attribuer aux
Suisses de l'étranger des sièges dans les deux Chambres du
Parlement. swissinfo: Donc, pour ainsi dire, un 27e canton ? W. L.: Je ne le dirais pas ainsi. Mais on pourrait proposer aux
Suisses de l'étranger deux sièges à la Chambre haute et un
contingent de 5, 8 ou 10 élus à la Chambre basse, comme c'est
d'ailleurs déjà le cas dans d'autres pays, comme l'Italie. swissinfo: Politiquement, de telles propositions ont-elles une
chance de passer ? W. L.: Vraisemblablement pas à court terme. Une telle
modification devrait être décidée par le peuple et les cantons. De
plus, un tel modèle devrait être très équilibré, afin de provoquer
le moins de résistance possible et de trouver une majorité
suffisante. swissinfo: Les partis politiques suisses font-ils des efforts pour
étendre leur électorat potentiel hors des frontières nationales ? W. L.: Il serait important qu'ils aient une présence structurée
à l'étranger. Mais celle-ci est limitée, parce que les partis ne
roulent pas sur l'or et parce que, en tant qu'organisations de
milice, ils sont peu professionnalisés. Par ailleurs, les partis
sont aujourd'hui déjà souvent surchargés, car ils doivent mener de
front une double activité: non seulement les élections, mais aussi
les divers scrutins qui découlent de notre système de démocratie
directe. swissinfo: Des enquêtes ont montré que les Suisses de l'étranger
votaient un peu différemment que la moyenne des Suisses... W. L.: C'est juste. Tout spécialement sur les questions de
politique étrangère, ils font preuve de davantage d'ouverture. Sur
les questions économiques, ils sont clairement plus libéraux et
plus sociaux sur les questions sociales.vLe domaine de l'asile
constitue une exception: les expatriés montrent alors plus
restrictifs que les Suisses restés au pays. swissinfo: Les Suisses de l'étranger ont-ils d'autres besoins
politiques que les Suisses de l'intérieur ? W. L.: Non, mais celui qui séjourne à l'étranger regarde la
Suisse d'un autre il. Celui qui est à l'extérieur de la forêt voit
la forêt, mais celui qui est à l'intérieur de la forêt ne voit
souvent que les arbres. La voix de la Cinquième Suisse peut
véritablement être une voix particulière et pleine de valeur, car
elle nous renvoie une image de la manière dont nous sommes vus de
l'extérieur. Interview, Etienne Strebel (Traduction de l'allemand: Olivier
Pauchard) www.swissinfo.org swissinfo/Radio Suisse Internationale (SRI) est une unité
d'entreprise de SRG SSR idée suisse (Société suisse de
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