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Département fédéral de l'économie

(ots) Discours du Conseiller fédéral Pascal Couchepin à l'occasion du Congrès 2000 du syndicat FTMH/SMUV

Berne (ots)

Forum de Fribourg Samedi 28 octobre 2000. Seule la version orale
fait foi !
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire tout le
plaisir que j'ai de m'adresser à vous. Votre engagement syndical est
important. Il est nécessaire. Et c'est une chance que, dans notre
pays, les syndicats soient forts. Ainsi peuvent-ils faire entendre
leur voix dans les débats sociaux et économiques.
Je vois aussi un signe de confiance en soi dans le fait que vous
ayez invité à prendre la parole, ce matin, un magistrat qui n'a
jamais caché le respect qu'il porte au syndicalisme mais qui est issu
d'une force politique qui ne partage généralement pas vos choix
politiques. Mais un dialogue sérieux impose la clarté.
Dans quelques semaines, nous voterons sur plusieurs initiatives dont
l'initiative "Economiser dans l'armée et la défense générale - pour
davantage de paix et d'emplois d'avenir (initiative en faveur d'une
redistribution des dépenses)".
Certains ont essayé de faire croire que je soutenais discrètement
cette initiative. C'est évidemment faux. Il n'est pas juste
d'inscrire dans la Constitution une règle rigide limitant les
dépenses pour une tâche quelle qu'elle soit. En effet, la base même
de la politique est la possibilité de choisir en fonction des besoins
et des circonstances. Fixer une règle rigide enlève toute souplesse à
une politique. Une règle constitutionnelle dans ce domaine tue le
débat. Elle peut être de surcroît dangereuse dans une période de
crise qui appelle un effort supplémentaire et urgent.
Mesdames et Messieurs,
Rousseau, le grand philosophe genevois, décrit la situation d'un
groupe de chasseurs qui cernaient un cerf. Si les chasseurs restent
ensemble, ils réussiront leur chasse et chacun d'entre eux
bénéficiera de la prise commune. Chacun d'entre eux aura suffisamment
de viande pour nourrir sa famille. Mais si, par hasard ou par
malheur, un des chasseurs abandonne son poste pour poursuivre
solitairement un lièvre, un seul gagnera car le cerf aura de bonnes
chances de s'échapper.
J'aime cette histoire car elle décrit assez bien ce que sont les
chances, les risques et aussi les limites de l'action collective, de
la solidarité organisée. Car cette histoire ne dit pas tout. A quoi
sert-il par exemple de rester à son poste, à quoi sert-il de renoncer
à chasser en solitaire le lièvre si le cerf a déjà échappé au cercle
des chasseurs?
Il arrive parfois qu'une action collective ne mène à rien parce
que la réalité ne lui donne aucune chance de succès ou, pire encore,
parce qu'elle est finalement contraire aux intérêts de chacun. Il
arrive parfois aussi que les besoins de l'action collective soient en
contradiction ou en concurrence avec les besoins de l'individu.
Quels risques doit-on prendre dans l'action syndicale? Quel temps
doit-on consacrer à l'action militante aux dépens parfois de sa
formation personnelle? Ces choix ne sont pas seulement individuels,
ils sont davantage encore collectifs. Pour reprendre l'image de
Rousseau, à l'échelle d'un pays les syndicats sont dans la situation
d'un chasseur parmi d'autres. Jusqu'à quel point doivent-ils tenir
compte de l'intérêt général, des perspectives à long terme? Quand
doivent-ils être les avocats exclusifs des intérêts immédiats de
leurs membres?
Ces questions sont difficiles. Elles ne peuvent être résolues dans
l'abstrait. Elles doivent être abordées par la discussion et le
débat, à l'intérieur des organisations syndicales mais aussi dans
l'ensemble de la société. En ce sens, la vitalité d'un syndicat est
liée à la vitalité de la vie démocratique dans son sein et dans
l'ensemble de la société. Seul le débat public permet à chacun de se
positionner et de trouver sa voie entre l'action collective et ses
légitimes intérêts individuels.
Ce débat est d'autant plus nécessaire que le monde change vite
sous l'effet de la globalisation. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je
crois cette questioninutile, même si ma conviction me dit que la
globalisation est une chance. En réalité, la globalisa-tion est un
fait inéluctable, imposé par l'internationalisation de la science, de
la recherche, de la technologie.
Quelqu'un a dit en parlant des technologies: "tout ce qui est
possible sera fait". Je dirai que presque tout ce qui est possible
sera fait, car j'espère qu'à un certain moment la réflexion, les
choix éthiques imposeront des limites à certaines technologies. Il
n'empêche que, généralement, les techniques et les technologies
nouvelles s'imposeront. Les pays qui ne s'adapteront pas seront en
retard d'une technologie avec les conséquences dramatiques sur le
plan du déve-loppement économique et social.
Or, qui dit nouvelles technologies dit nécessairement produits
nouveaux et nouvelles compétences. La globalisation est, d'une
certaine manière, la mise en commun, à l'échelle du monde, de ces
nouvelles technologies, des produits qui en sont issus, des
compétences qui en découlent. La globalisation profite d'abord aux
consommateurs que nous sommes tous, qui avons accès à plus de
produits meilleur marché, mieux adaptés à nos besoins et à nos goûts.
Il faut tordre le cou au passage à l'idée fausse que la
globalisation va détruire les particularités locales, homogé-néisant
les goûts, faisant disparaître les saveurs liées au terroir. C'est le
contraire qui est en train de se passer. Evoquons, dans le domaine
agricole, la multiplication des AOC, les indications de provenance,
la renaissance heureuse des folklores locaux ou la renaissance
malheureuse des nationalismes.
Ce qui est vrai par contre, c'est que la mondialisation oblige les
économies, et plus particulièrement les économies avancées, à se
spécialiser davantage pour créer des produits de plus grande valeur
ajoutée mais aussi maintenir et accroître le bien-être collectif et
le niveau de vie. Nous sommes invités à développer des niches à haute
valeur ajoutée et à renforcer la partie d'innovation et de créativité
dans chaque produit.
Cette évolution nous impose deux conclusions: premièrement, le
rôle de l'information est décisif: formation initiale mais surtout
formation ultérieure. La formation est permanente. Ensuite qui dit
"produits de niche", priorité à la créativité et à l'innovation dit
aussi éclatement des systèmes de production.
Les organisations qui regroupent les salariés ou les employeurs
ont plus de difficultés à définir une base commune à tous leurs
membres dans une telle société. Ces organi-sations doivent inventer
une nouvelle forme de syndicalisme et un nouveau mode de partenariat
social.
Et pourquoi ne pas le dire, à certaines heures de lassitude,
l'invitation permanente au changement est épuisante. On aimerait
s'arrêter et jouir de la stabilité et du bien-être acquis. Réaction
normale mais qui peut être mortelle si elle devient habitude. Les
progrès techniques et économiques nous laisseraient au bord du
chemin.
Mais c'est ici qu'intervient l'action collective. Celle de l'Etat,
celle des entreprises et des syndicats. L'effort de modernisation ne
doit pas être seulement un effort individuel. Il doit être aussi un
effort collectif.
Le rôle de l'Etat
L'Etat doit donner un cadre prévisible à l'action des individus,
des entreprises et des organisations sociales. Il ne peut pas et ne
doit pas intervenir en fonction d'intérêts particuliers ou
d'événements conjoncturels. S'il le faisait, il deviendrait
rapidement l'otage d'intérêts particuliers. Au fond, pour l'Etat
comme pour les entreprises, se pose la question de la philosophie que
dicte la politique. Vise-t-on des intérêts à court terme, alors il
faut pratiquer l'interventionnisme politique! Vise-t-on des intérêts
à plus long terme, alors seule une politique qui cherche à fixer des
conditions cadres favorables est justifiée et justifiable.
Ces conditions cadres, elles ont un versant international et un
versant national. Sur le plan international, elles ont nom: règles de
l'Organisation mondiale du commerce, convention de l'Organisation
internationale du travail, politique de protection de l'environnement
à Rio et Kyoto. Ces règles sont indispensables. Elles doivent être
décidées par les Etats mais elles ne seront acceptées que si elles
sont le fruit d'un dialogue national et international entre les
autorités politiques et les organisations non gouvernementales.
Ce dialogue doit être régulier. Il peut être critique. Il doit
donner la possibilité de s'exprimer à toutes les organisations non
gouvernementales et pas seulement à celles qui représentent une
vision alternative de la société. Mais à la fin une règle doit être
respectée, c'est l'autorité politique, démocratiquement élue, qui
doit prendre ses responsabilités. Cette règle est encore plus claire
dans un pays de démocratie directe ou, en fin de compte, le peuple
lui-même a toujours le dernier mot.
Il faut aussi une coordination des différentes politiques
internationales. Coordination ne veut pas dire confusion ou abandon
de la mission prioritaire de chaque organisation.
L'OMC sera définitivement paralysée si on veut lui imposer, contre
l'avis des pays pauvres, d'introduire des dispositions qui relèvent
des organisations internationales du travail. Par contre, les règles
de l'OMC ne doivent pas annuler les conventions de l'OIT, ou celles
de Rio et Kyoto relatives au climat.
Le partenariat social à l'échelle internationale doit être actif.
Il est visible à l'OIT. Il est partie prenante à la préparation des
décisions relatives à l'OMC. Il peut être plus actif.
Sur le plan national, le rôle de l'Etat est triple.
- Il doit définir les règles du jeu économique, par la politique
de la concurrence notamment. - Il doit, en collaboration avec le
privé, assurer la formation de chacun, la formation initiale et la
formation ultérieure. - Il doit enfin garantir la solidarité entre
les membres de la société, tout d'abord en assurant la sécurité
physique de chacun à l'extérieur et à l'intérieur du pays, en créant
et en maintenant un filet social durable et efficace, en protégeant
l'environnement, en offrant à chacun la possibilité d'accéder à
certaines prestations aux services de base.
1) Définir des règles du jeu économique
L'Etat doit jouer son rôle, tout son rôle mais rien que son rôle
dans la définition des règles du jeu économique. Il ne doit pas
remplacer la décision individuelle ou le partenariat social.
Si j'ai été heureux ce printemps que l'intervention de mon
département permette la conclusion d'un accord dans le secteur du
bâtiment et du génie civil, cette intervention doit rester
l'exception. Il revient aux partenaires sociaux de chercher des
accords adaptés aux besoins de la branche et en fonction des régions.
Je sais que vos responsables partagent ce jugement.
L'intervention de l'Etat doit être plus générale. J'ai évoqué les
règles de concur-rence. Je veux mentionner aussi les lois sur le
travail ou les mesures d'accompagnement lors des accords bilatéraux.
Il faudrait évoquer aussi la politique des étrangers, les règles
d'immigration.
Traditionnellement, la Suisse a un marché du travail plus flexible
que d'autres marchés du travail européens. C'est une chance. Les
années 1990 l'ont démontré. La flexibilité du marché du travail a
permis une restructuration efficace de l'économie suisse. La reprise
économique a eu dès lors un effet immédiat sur le taux de chômage qui
a passé en moins de trois ans de 5,7% à 1,7%.

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