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Fonds National Suisse: Il faut tromper le système immunitaire

Riehen (ots)

Le succès d'une transplantation dépend entièrement
de la suppression du système immunitaire du receveur d'un organe.
Jusqu'à présent, on faisait confiance à des médicaments, qui
affaiblissent le système immunitaire. Dans le cadre du Programme
national de recherche 46 "Implants et transplants", les scientifiques
se sont mis à la recherche de méthodes alternatives qui permettraient
de contourner ou de supprimer le système de défense lors d'une
transplantation. Les résultats obtenus jusqu'ici ont été présentés
cette semaine à l'occasion d'une rencontre à Berne.
Le système immunitaire impose des limites à la médecine de
transplantation. On sait que le système de défense du corps humain
peut être partiellement supprimé au moyen de médicaments, lesquels
cependant ont toute une série d'effets secondaires. On est donc à la
recherche d'autres démarches et les chercheurs engagés dans le PNR 46
peuvent proposer de nouvelles voies de succès.
En effet, au lieu de continuer à chercher des médicaments qui
continuent à supprimer le système immunitaire mieux que ce n'est
possible de nos jours, les scientifiques recherchent d'autres
méthodes grâce auxquelles on pourrait augmenter la tolérance à
l'égard des organes étrangers. Cela est d'autant plus important que
les immunodépresseurs sont, par exemple, mis en relation avec
l'apparition de lésions rénales ou de cancers.
Dans les travaux du PNR 46, une priorité est accordée à des
recherches dans le domaine de l'"induction de tolérance". Il s'agit
de développer de nouvelles méthodes par lesquelles l'organisme du
receveur d'organe est amené à tolérer un organe étranger et à ne plus
le rejeter. En plus de leur utilisation dans la médecine de
transplantation, l'induction de tolérance pourrait aussi jouer un
rôle bénéfique dans le traitement des maladies auto-immunes. Dans ces
maladies, le système immunitaire du sujet agit contre son propre
organisme - avec des suites qui peuvent être fatales.
Les démarches engagées par les chercheurs se tournaient en
direction des anticorps, qui luttent systématiquement contre des
cellules immunitaires déterminées, afin d'affaiblir la réaction de
défense. Bien que cette méthode ait une certaine élégance, elle
comporte un grand inconvénient. En effet, après 10 à 14 jours, ces
anticorps suppresseurs perdent leur efficacité.
Améliorer les transplantations de la cornée
En médecine de transplantation, l'une des opérations les plus
fréquentes est la transplantation de la cornée de l'oeil humain.
Cependant, les chances de succès à long terme sont relativement
médiocres. Un dizaine d'années après l'intervention, seules 60 pour
cent des cornées transplantées sont encore en mesure de fonctionner.
Michael Thiel et son groupe de travail de l'Université de Zurich se
proposent d'augmenter ce taux de succès. Il croient qu'il devrait
être possible de bloquer les cellules immunitaires dans la région de
la conjonctive de l'oeil et alors des les empêcher d'agir. Ainsi, les
cornées étrangères pourraient échapper à la découverte par le système
immunitaire et ne pas être rejetées. Il y a longtemps que, dans des
travaux de laboratoire, les chercheurs ont pu démontrer qu'il est
possible de bloquer des molécules-clés déterminées sur les cellules
immunitaires au moyen d'immunoglobulines. Ces dernières sont des
anticorps qui, dans ce cas, sont spécifiquement dirigées contre ces
cellules du système immunitaire. Cependant ces anticorps sont
beaucoup trop gros pour pouvoir parvenir, chez le patient, à leur
lieu de destination dans la cornée transplantée. Thiel a eu l'idée de
travailler avec des fragments de l'anticorps en question: ces
fragments n'ont plus que 10 pour cent de la dimension originale.
Thiel et ses collaborateurs se sont mis à la recherche de fragments
d'anticorps suffisamment ténus pour pénétrer dans la cornée, mais
quand même entièrement capables de fonctionner. Or, même si l'on
parvenait à supprimer la réaction immunitaire dans l'oeil pour
quelques semaines seulement, on pourrait obtenir une amélioration à
long terme de la survie de la cornée transplantée.
A la recherche de molécules inconnues
Le groupe animé par Jürg Steiger, de l'Université de Bâle, s'est
occupé des mécanismes de la tolérance. Point de départ des travaux de
recherche: l'observation que l'on trouve des concentrations élevées
de cellules déterminées aux alentours des organes transplantés. Ces
cellules assument des tâches particulières dans les défenses
immunitaires et suscitent donc un grand intérêt chez les chercheurs.
Ainsi, les cellules désignées par CD4+ et CD8+ induisent la réaction
de rejet. Toutefois, les scientifiques furent étonnés de constater
que ces cellules ne se trouvent pas aux alentours des cellules des
ilôts de Langerhans implantées. Ils supposent que ces cellules y sont
retenues pour des raisons que l'on ignore encore.
Cette constatation constitua le point de départ des travaux de
Jürg Steiger. Ce dernier suppose que les cellules des îlots de
Langerhans déversent des substances qui les empêchent d'être
attaquées par ces cellules immunitaires de l'organisme du receveur
d'organe. Jusqu'à présent, toutefois, on n'a pas encore trouvé de
preuve de l'existence d'une telle substance. Steiger et ses
collaborateurs sont à la recherche de ces molécules dans le cadre du
projet PRN 46.
Comprendre les bases des défenses immunitaires
A l'Université de Bâle, dans le cadre du PNR 46, le groupe de Ed
Palmer étudie l'un des principaux mécanismes présidant à la défense
immunitaire. L'un des principaux obstacles à une réussite de la
transplantation est la réaction des cellules-T à l'égard des cellules
étrangères. Celles-ci sont reconnues par les cellules immunitaires à
la surface de la cellules au moyen d'une sorte d'empreinte digitale
génétique: des molécules déterminées forment un modèle, qui permet de
distinguer les cellules du patient et les cellules étrangères. Les
mécanismes de reconnaissance pour ce modèle pourraient jouer un rôle
important pour le développement de nouvelles substances actives
susceptibles de supprimer le système immunitaire. Il suffit d'à peine
un millier de cellules-T pour trouver un petit écart dans le modèle
des antigènes MHC et pour induire une réaction de défense
immunitaire. Cependant, dans la plupart des organes transplantés, les
écarts sont très importants; de ce fait, pour les cellules-T, on peut
s'imaginer que leur tâche de reconnaissance de corps étrangers est
d'autant plus facile. Pour que la médecine de transplantation puisse
progresser, il importe que l'on puisse commander la réaction du corps
à la combinaison MHC des organes étrangers. L'idéal pour les
scientifiques serait de pouvoir réguler spécifiquement la
reconnaissance des combinaisons MHC, de sorte qu'un organe
transplanté ne soit pas reconnu et soit donc toléré par l'organisme,
mais que d'autres cellules étrangères porteuses d'un autre modèle MHC
puissent continuer à être attaquée.

Contact:

Dr. M.E. Hauck
Délégué à la valorisation PNR "Implants et transplants"
Rainallee 37
4125 Riehen
Tel: +41/61/603'91'08
Fax: +41/61/603'91'09
E-Mail: implementation@nfp46.ch

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